
Le Destin des Déchets
«Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché,
alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas.» (Proverbe Indien)
La "Plastisphère"
Des études récentes ont démontré la présence de plus de 1000 espèces de Bactéries et de Microalgues unicellulaires (Diatomées) vivants sur les déchets plastiques de surface (5). Bien différents des supports naturels, les supports plastiques ont des propriétés très appréciées par ces êtres vivants. En effet, ils ont pour particularités de présenter une surface hydrophobe, c'est-à-dire qu’elle rejette les molécules d’eau. Cette surface est donc idéale pour la fixation des micro-organismes. De plus, ces surfaces peuvent flotter pendant de longues années sans subir de dégradations (une bouteille en plastique met environ 500 ans pour se dégrader en milieu naturel) favorisant la colonisation de ce nouvel écosystème appelé « Plastisphère » (5).
Exemple de micro-organismes retrouvés au sein de cette Plastisphère.
Il a été démontré que les communautés bactériennes présentes sur ces déchets diffèrent selon la composition du plastique (5). Ainsi, de nombreuses problématiques se soulèvent concernant cette Plastisphère. En effet, n’ayant aucune connaissance sur l’origine de la colonisation des plastiques par ces Bactéries (mutations sélectives ?) et ne sachant pas si elles sont pathogènes, les scientifiques s’inquiètent des conséquences que cela pourrait avoir si ces nouvelles espèces venaient à entrer en contact avec celles déjà présentes. A titre d’exemple, des Bactéries du genre Vibrio, réputées pour être responsables de maladies gastro-intestinales ou encore du choléra, ont été recensées (5). Seraient-elles un support pour de nouvelles maladies infectieuses ?
Des observations microscopiques ont démontré la présence de trous sur les déchets plastiques ce qui révèle la capacité de certaines Bactéries à dégrader le plastique (5). Ces observations ont été appuyées par des études génétiques réalisées sur plusieurs Bactéries. En effet, certaines d’entre elles sont capables de dégrader les hydrocarbures (composés organiques subissant un enchainement de réactions chimiques pour former la matière plastique). Le problème est que ces Bactéries dégradent ces plastiques en microparticules qui sont ensuite ingérées par le plancton marin. En plus de cela, le développement de ces micro-organismes va entrainer un apport en nutriments dans des zones généralement très pauvres. Cet apport va-t-il être nocif dans le fonctionnement des réseaux trophiques ? La prolifération de ces micro-organismes va-t-elle déséquilibrer davantage les écosystèmes marins ? Personne ne peut encore y répondre aujourd'hui...
Cependant, il n’y a pas que les micro-organismes qui ont su tirer profit de cette Plastisphère. L’Araignée d’eau (Halobates sericeus) profite également des milliers de morceaux de plastique flottants pour pondre ses œufs jaunes à peine moins gros qu’un grain de riz (6). Il est vrai qu’un Insecte en pleine explosion démographique est profitable à de nombreux Oiseaux et Poissons sur le court terme. Mais sur le long terme ce serait une autre histoire. En effet, ces Insectes sont des prédateurs et se nourrissent de phytoplancton, base de la chaine alimentaire, et d’œufs de Poissons. Si la population continue d’augmenter ainsi il est fort probable que cela ait une forte répercussion sur l’écosystème marin.

Halobates sericeus